Mars est la plus éloignée des planètes telluriques, la deuxième plus petite après Mercure : elle est deux fois plus petite que la Terre, et dix fois moins massive. Pourtant ses paysages, dévoilées par les sondes qui ont pu atteindre sa surface, semblent étonnemment terrestres ! La surface, dont la fameuse teinte rouge orangé est due à l'abondance d'oxyde de fer, est parsemée de cratères d'impact, comme la Lune et Mercure, mais aussi de formations tectoniques comme des rifts ou des volcans, d'une taille impressionnante par rapport à leurs équivalents terrestres. Une fine atmosphère donne lieu à des phénomènes météorologiques observables depuis la Terre.
Moins brillant que Vénus, l'éclat de Mars rivalise avec celui de Jupiter lors des oppositions (le Soleil, la Terre et Mars sont alignés). Seule planète dont la surface puisse être facilement observée par les amateurs, Mars offre au télescope un spectacle fascinant, auquel l'imagination ajoute volontiers les rêves de la science-fiction.
Demi-grand axe |
227 936 637 km (1,523 UA) |
Période de révolution |
686,9601 jours |
Diamètre équatorial |
6 792 km (0,533Terre) |
Masse |
0.107 Terres |
Période de rotation |
24h 37 m 23s |
Satellites connus |
2 |
La surface de Mars est légèrement inférieure à la superficie totale des
terres émergées de notre planète. Les calottes polaires de Mars,
observées pour la première fois
au milieu du XVIIème siècle par Jean-Dominique Cassini et Christian
Huygens, sont le trait le plus frappant pour l'observateur terrestre.
Leur taille varie considérablement au cours des saisons martiennes par échange de
dioxyde de carbone et d'eau avec l’atmosphère. On distingue ainsi, dans
les deux hémisphères, une calotte polaire dite « résiduelle » ou «
estivale » qui se maintient tout l’été, et une calotte polaire dite «
saisonnière » ou « hivernale » qui vient la recouvrir à partir de
l’automne.
La forte dichotomie nord/sud de la planète est également marquante
pour l'observateur : l'hémisphère sud est recouvert de terrains
accidentés, cratérisés (notamment les bassins Argyre et Hellas), et
d'altitude moyenne élevée, tandis que l'hémisphère nord est représenté
largement par des plaines plus récentes et plus basses.Ces deux régions
sont séparées par une frontière, à peu près vers l'équateur. A cet
endroit se trouvent des paysages taillés pour des géants : Valles
Marineris est un système de canyons s'étendant sur 3770 km, avec
un dénivelé de l'ordre de 10 km ; à son extrêmité occidentale le
plateau de Tharsis supporte les quatre plus grands volcans de Mars (et
du Système Solaire). Le plus grand, Olympus Mons, culmine à 21 km. De
type bouclier, comme les volcans d'Hawaï, il occupe une surface
considérable
: s'il était situé à la place du Puy de Dôme, ses pentes toucheraient à
la Méditerranée, à l'Atlantique, à la Suisse, à Paris ! Il peut être
observé depuis la Terre, surtout lorsque des nuages orographiques
l'enveloppent.
Mars
vue par l'orbiteur Viking 1 le 22 février 1980
(crédits NASA). Au centre de l'image, la gigantesque Valles Marineris.
Tout à gauche, le plateau de Tharsis est surmonté de trois volcans
boucliers, de bas en haut Arsia, Pavonis et Ascraeus, dont les
altitudes vont de 14 à 18 km.
Comme toutes les planètes situées plus loin du Soleil que ne l'est
la Terre, Mars apparaît à son meilleur au voisinage de l'opposition,
c'est-à-dire lorsque le Soleil, la Terre et Mars sont alignés (en
négligeant l'inclinaison du plan de révolution de Mars). La distance
entre la Terre et Mars passe alors par un minimum, en outre Mars peut
être observé toute la nuit. Mars met un peu moins de deux années
terrestres pour accomplir son orbite autour du Soleil : de sorte qu'une
année après l'opposition, Mars a fait un peu plus d'un demi-tour, et la
Terre doit encore avancer pour rattrapper de nouveau Mars. En
conséquence les oppositions sont séparées de 780 jours en moyenne.
En outre, l'orbite de Mars est fortement excentrique : sa distance
au Soleil varie de 207 (périhélie) à 249 millions de kilomètres
(aphélie). La distance entre la Terre et Mars au moment de l'opposition
varie donc fortement, de 56 millions à 101 millions de kilomètres,
selon un cycle principal de 15 ans. La taille apparente de Mars varie
donc pratiquement du simple au double, de 13 secondes d'arc à 25
secondes d'arc : dans ce dernier cas, un grossissement de 70 fois donne
à Mars la taille apparente de la Pleine Lune. L'image suivante donne les
configurations des oppositions jusqu'en 2031.
Configurations
des oppositions de Mars de 2018 à 2031.
Comme l'axe de rotation de Mars est incliné de 25° et que les
solstices sont proches des points de périhélie et d'aphélie, nous
observons au mieux l'hémisphère sud de Mars lors des oppositions les
plus favorables en termes de distance, et l'hémispère nord lors des
oppositions les moins favorables.
Mars et la Terre présentent une période de rotation et une
inclinaison de l'axe des pôles très similaires. Cependant, Mars ne
possède pas d'océan, et sa très fine atmosphère (plus de cent fois
moins dense que l'atmosphère terrestre, et composée à 96% de dioxyde de
carbone) connaît une circulation beaucoup plus simple. La météorologie
de Mars est donc beaucoup plus simple et largement prévisible !
L'excentricité marquée de la planète joue aussi son rôle, l'été (pour
l'hémisphère nord) durant 25 jours martiens de plus que l'hiver.
Les températures diurnes oscillent typiquement entre -90 et -30°C,
avec des pointes à -145°C et +25°C. Durant l'hiver austral ou l'hiver
boréal, le dioxyde de carbone de l'atmosphère se condense partiellement
sous un voile de nuages au niveau de la calotte polaire sud ou nord
respectivement. La sublimation au printemps donne l'impression d'une
fonte. Vers la fin du printemps austral, lorsque Mars est au plus près
du Soleil, des tempêtes locales et parfois régionales apparaissent.
Exceptionnellement, ces tempêtes peuvent devenir globales et durer
plusieurs mois comme en 2001. De minuscules grains de poussière sont
alors soulevés, rendant la surface de Mars quasiment invisible. Les
importantes différences thermiques observées entre le pôle et les
régions avoisinantes provoquent des vents violents à l'origine du
soulèvement de fines particules dans l'atmosphère qui réduisent
fortement la température au sol. A l'inverse, lorsque Mars est au plus
loin du Soleil, le climat favorise l'apparition de brumes matinales et
de nuages orographiques s'accrochant aux sommets volcaniques.
Coucher
de Soleil sur Mars (restitué en vraies couleurs), depuis le cratère
Gusev, le 19 mai 2005, par le rover Spirit (crédits NASA). Le Soleil
apparaît un tiers plus petit que depuis la Terre. Noter la grande
quantité de poussières dans l'atmosphère.
Ces
deux images prises par le télescope spatial Hubble montrent
pratiquement le même hémisphère de Mars, le 26 juin et le 4 septembre
2001 (crédits NASA). En septembre, une tempête globale a saturé
l'atmosphère de poussières, masquant presque totalement le sol.
Mars est doté de deux satellites, Phobos et Deimos. Il s'agit de
petits objets, ressemblant fortement à des astéroïdes, dont la taille
est respectivement d'une vingtaine et d'une quinzaine de kilomètres.
Leur forme s'éloigne fortement de la sphère ! Leur origine (formation à
la suite d'un impact sur Mars, capture...) reste aujourd'hui inconnue.
Les distances au centre de Mars sont très petites : 9377 km pour
Phobos, 23460 km pour Deimos. Phobos circule si près qu'il met moins de
temps pour boucler une orbite que Mars n'en met pour tourner sur
lui-même : il se lève donc à l'ouest, traverse le ciel martien en
quatre heures, et se couche à l'est. Comme son altitude diminue, on
estime que Phobos s'écrasera sur Mars dans trente millions d'années.
Phobos et Deimos ont été découvert en 1877 par A. Hall à Washington. Leurs noms, signifiant Crainte et Terreur, sont tirés d'un vers de l'Illiade d'Homère : "Il (Mars) parla ainsi, et il ordonna à la Terreur et à la Crainte d'atteler ses chevaux, et il se couvrit de son armure splendide."
Phobos vu le 23 mars 2008 par Mars
Reconnaissance Orbiter (crédits NASA/JPL-Caltech/University of Arizona).
Mars est observable dans les meilleures conditions dans les mois qui
précèdent ou suivent son opposition avec la Terre. C'est une
observation passionnante mais difficile, car c'est un objet petit,
éblouissant, dont les contrastes sont peu marqués.
Au télescope, on peut voir assez facilement la calotte polaire de
l'hémisphère orienté vers la Terre, et sa variation saisonnière.
Quelques zones un peu plus sombres que le reste du disques peuvent être
discernées et identifiées à l'aide d'une carte, elles défilent au
rythme de la rotation de Mars. Plus difficilement, des brumes peuvent
être aperçues. Lorsqu'on s'éloigne de l'opposition, Mars présente une
phase assez marquée, comme la Lune à quelques jours de la Pleine Lune.
L'image suivante a été prise le 1er mars 2012 (crédits Stéphane
Dumont, SAML). Les conditions étaient excellentes, ce qui a permis de
mettre en évidence de nombreux détails alors qu'il s'agissait d'une
opposition défavorable (taille de Mars 14 secondes d'arc). La calotte
polaire Nord, en haut, est évidente. La grande tache triangulaire au
centre s'appelle Syrtis Major. Tout au sud, les brumes envahissent le
bassin de Hellas. La tache claire à droite correspond à des nuages.
Attention, sur l'image les contrastes sont accentués.
En 2018 aura lieu une exceptionnelle opposition de Mars, la planète
se rapprochant à 57 millions de km de la Terre le 31 juillet et offrant
un diamètre apparent de 24.3''. Ce sera le printemps dans l'hémisphère
sud de Mars. Le spectacle devrait être au rendez-vous, en dépit d'une
hauteur sur l'horizon bien faible sous nos latitudes.
Les dates des soirées
d'observation à l'observatoire Marc Bianchi sont les suivantes :